
Etudiante de 23 ans, la jeune maroco-italienne, Yasmine Ouirhrane, s’est vue décerné le prix de « jeune européenne de l’année » par la fondation Schwarzkopf. En plus de la récompense honorifique, celle qui étudie les relations internationales à Sciences Po Bordeaux a décroché une bourse de 5000 euros. Cette bourse, explique le site, lui permettra de « financer un stage dans une institution européenne ou un projet personnel ». Le prix en question vient récompenser une « partisane incontournable des droits et valeurs européennes ».
« Je suis heureuse d’annoncer que je suis la lauréate du prix ‘Jeune européenne de l’année 2019’ décerné par la Schwarzkopf-Stiftung. Voici notre victoire collective: pour les jeunes femmes, pour les filles d’immigrés, pour l’Europe, pour l’Unité dans la diversité, pour le changement, la tolérance, le respect de l’autre, pour la PAIX. À tous les jeunes qui ont besoin d’espoir et de positivité pour se sentir membres de leur société. Pour l’inclusion sociale, pour une Europe plus forte, unie et durable. Mon message est un: nous sommes aussi européens, aujourd’hui plus que jamais » déclare-t-elle sur son compte instagram.
Dans le même post, elle explique que ce prix est très important pour elle qui a dû lutter toute sa vie pour s’intégrer et être acceptée. Née d’une mère italienne et d’un père marocain ayant immigré en Italie, la jeune femme s’implique depuis des années auprès de l’Union européenne. En 2018, elle a participé à l’organisation du Forum de la jeunesse européenne à Strasbourg. Elle est aussi une des têtes montantes du « Women Deliver Young Leader », un programme qui promeut l’égalité des genres et qui est engagée dans différents projets avec « des jeunes de banlieue ».
En d’autres termes, Yasmine Ouirhrane montre qu’on peut être une jeune femme voilée parlant cinq langues et se sentir parfaitement européenne tout en s’impliquant au plus haut niveau pour faire avancer les choses. Parce qu’elle démontre que les jeunes musulmans, et plus particulièrement les jeunes musulmanes, peuvent s’intégrer en Europe, elle n’a pas tardé à faire l’objet des critiques adressées notamment par des responsables politiques de l’extrême-droite française. Marine Le Pen (présidente du Rassemblement National) notamment a déclaré à propos de cette récompense « L’Union européenne assume ses choix. Le 26 mai, c’est vous qui devrez choisir ! Pour nous, la promotion de l’islam radical c’est NON !! MLP #OnArrive ». Robert Ménard, figure connue de l’extrême droite et maire de Béziers dans le Sud de la France, est lui aussi allé de son petit commentaire en déclarant à propos d’une photo de la jeune femme portant le drapeau de l’UE « Voilà la jeune européenne modèle pour le parlement de l’UE. La prochaine sera-t-elle derrière une burqa intégrale ? ». Rien de surprenant venant de ceux qui imputent tous les problèmes des français à l’immigration et à l’Union européenne.
La jeune lauréate a répondu à ses critiques sur son compte twitter : « Cette récupération politique en vue des élections européennes est ridicule et montre la vraie image de l’extrême-droite, en France et en Europe. #StopHaine #NoHate ». De nombreuses personnalités lui ont apporté leur soutien. Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, a répondu directement à Robert Ménard en disant ceci : « Vous ne voyez que le foulard. @yasmineojay, c’est d’abord 1 étudiante de @ScPoBx vivant en France et en Italie, parlant 5 langues, dont l’action pour l’inclusion sociale, l’autonomisation des enfants d’immigrés, et pour la lutte contre l’extrémisme est reconnue de tous#StopHaine ». Dans le même esprit, Nesrine Slaoui, journaliste chez RMC, a déclaré sur Twitter « Soutien total à @yasmineojay, mon amie, face à ceux qui se voilent les yeux pour ne pas admettre qu’une femme est libre par son action et non par sa tenue vestimentaire. Continue tes études brillantes et ton engagement (et garde ton bel accent italien). Love you ! »
Pour les membres du jury de la fondation Schwarzkopf composé du président André Schmitz-Schwarzkopf, de deux anciens lauréats et deux représentants (un de la Commission européenne en Allemagne et un autre du Forum européen de la jeunesse) le fait que Yasmine ait montré son rêve d’une société européenne dans laquelle tous les êtres humains sont égaux et traités avec dignité a été déterminant pour l’obtention du prix. Au fond, c’est ce qui compte vraiment.